Titre original : Blood brothers
Commencé le : 24/09/2010
Terminé le : 03/10/2010
391 pages
Résumé de l'éditeur :
En dépit de sa violence, de son langage cru et de son réalisme brutal, Frères de sang est un roman d'une remarquable subtilité, qui brosse un tableau sans concession du passage à l'âge adulte.
Le Bronx, dans les années 1970. A bientôt dix-huit ans, il est temps pour Stony de choisir son chemin. Tout le pousse à suivre les pas de son père, et à devenir électricien - une perspective qui ne l'enchante guère. Mais entre une petite amie volage, un jeune frère anorexique qu'il essaie de protéger de leur mère et une famille envahissante, Stony n'a pas le temps de penser à son avenir. Pourtant, lorsqu'il trouve un emploi dans un hôpital, il se prend à rêver d'une autre vie que celle à laquelle la tradition familiale le destine.
Mais pourra-t-il échapper à ses origines ? Véritable tragédie de l'ordinaire, cette chronique d'une famille unie mais dysfonctionnelle, écrite alors que Richard Price n'avait même pas trente ans, était inédite en France jusqu'à ce jour.
Ce livre est le premier livre dit de "rentrée littéraire" que je lis. Cette occasion m'a été donnée par le site Babelio, dans le cadre de l'opération Masse Critique qui s'est déroulée en septembre 2010. Mon choix s'est porté sur ce titre car l'histoire de ce jeune homme qui allait s'élever contre la tradition familiale pour faire ce qu'il aime me donnait très envie. J'aurais pourtant pu ne pas être tentée car un frère anorexique et une mère dangereuse ne constituent pas d'habitude des attraits pour moi. Je lis davantage de choses légères, qui sortent du quotidien. Mais je dois dire cependant que l'intrigue principale a pris le dessus sur le reste. J'ai aussi trouvé qu'il était original de présenter ces deux personnages car le plus souvent, les romans évoquent des pères violents et des filles anorexiques et non pas l'inverse.
Cela dit, il ne faut pas s'y tromper. Il s'agit d'un livre violent, comme le précise le petit commentaire de l'éditeur. Certes, il ne s'agit pas de massacres, de guerres et autres barbarismes mais de la violence au quotidien. Celle qui sévit malheureusement dans certains foyers. La violence physique de ceux qui se croient des hommes parce qu'ils se battent dans un bar et la violence psychologique. Celle dont est victime Albert, le petit frère de Stony, de la part de leur mère, et celle dont est victime Stony lui-même et à laquelle il va devoir faire face pour décider du tournant que prendra sa vie.
Je dois avouer que je n'aurais pas du tout choisi de lire ce livre si j'avais vu la première phrase au dos de la quatrième de couverture (celle qui ouvre le résumé plus haut) En effet, tout ce qui est violent et cru me fait tout de suite faire demi-tour. C'est pourquoi, j'ai été quelque peu surprise en commençant cette lecture. C'est un livre très vulgaire. Toutefois, il reflète très bien l'univers dans lequel a grandi et vit Stony. Son père, Tommy, est maître électricien, sa mère, Marie, est une femme au foyer qui ne semble pas très dévouée. Son oncle Chubby passe son temps au bar avec Tommy quand il ne vont pas "aux putes" et Stony fait de même avec son copain Butler. Il faut dire que ça me change des petits livres gentillets sur des petites filles riches ou des accro du shopping capricieuses. Ici, la famille De Coco vit dans le Bronx et, même s'ils n'ont jamais manqué de rien, on est loin des jolis tableaux familiaux où tout est rose.
Alors oui, j'ai détesté le langage dans ce livre et non, je ne l'aurais certainement pas lu si j'avais su à quoi m'attendre. Cependant, le sujet continuait de m'intéresser et je n'ai pas eu envie de refermer le livre comme ce fut le cas pour Le Grand Meaulnes ou Julie & Julia. Je le sais ce n'est pas du tout le même genre mais ceux-ci, bien qu'ils me paraissaient davantage destinés, m'ont profondément ennuyée.
A l'inverse, l'écriture de Richard Price, bien qu'empreinte de vulgarité, a su me tenir en haleine. Je voulais savoir si Stony se libèrerait de ses parents, s'il choisirait l'hôpital et ce qu'il aimait ou l'électricité et l'argent "facile". Je voulais savoir si Albert s'en sortirait, si Butler accomplirait son rêve, si Annette serait l'heureuse élue et si Tommy s'adoucirait...
C'est pourquoi je ne regrette pas d'avoir lu ce livre jusqu'au bout, même si je suis loin d'adhérer à tout ce qu'il contient.
*** ATTENTION - MI-NI SPOI-LERS!!! A NE PAS LIRE SI VOUS NE VOULEZ RIEN SAVOIR DE LA FIN***
(surlignez avec la souris pour lire)
J'ai d'ailleurs été très déçue par la fin. J'avais trop d'espoir mais je dois avouer que cette fin est plus une fin réaliste qu'un happy end... et moi j'aime les happy ends, que voulez-vous. J'ai toutefois trouvé que le livre perdait de sa force avec cette fin. Je m'attendais à ce que Stony continue de lutter pour ce en quoi il croyait et pour ce qu'il aimait. Mais beaucoup me diraient sûrement qu'il a quand même fait ce qu'il avait de mieux à faire pour vivre correctement.
J'ai aussi trouvé que ce qui arrivait entre Chubby et Phyllis était totalement injuste, surtout que la vérité ne leur est pas révélée en fin de récit.
*** FIN DES SPOILERS***
Quelques extraits que j'ai appréciés :
-> "Il ressemble plus à un mec qui t'envoie à l'hosto qu'à un mec qui t'aide à en sortir." (page 173)
-> "Si vous croyez au crédit, prêtez-moi cinq dollars." (page 215)
-> "Nous avons confiance en Dieu, les autres paient comptant." (page 215)
Un grand merci à Babelio et aux éditions Presses de la Cité pour mon premier livre reçu dans le cadre de Masse Critique. Cela m'a permis de découvrir un genre et un auteur que je n'avais pas encore lu et de me rendre compte qu'on peut ne pas aimer un style sans détester le livre pour autant :)