Commencé le : 15/02/2013
Terminé le : 11/03/2013
403 pages
Résumé de l'éditeur :
En ce début du XIXe siècle où la bonne société anglaise découvre les bienfaits des bains de mer, les Parker se sont mis en tête de faire de la paisible bourgade de Sanditon une station balnéaire à la mode. Invitée dans leur magnifique villa, la jeune Charlotte Heywood va découvrir un monde où, en dépit des apparences « très comme il faut », se déchaînent les intrigues et les passions. Autour de la tyrannique lady Denham et de sa pupille Clara gravitent les demoiselles Beaufort, le ténébreux Henry Brudenall et l'étincelant Sidney Parker, peut-être le véritable meneur de jeu d'une folle ronde des sentiments. Observatrice avisée, Charlotte saura-t-elle demeurer spectatrice ? Le cœur ne va-t-il pas bouleverser les plans de la raison ? À sa mort en 1817, Jane Austen laissait cette œuvre inachevée. Une romancière d'aujourd'hui a relevé le défi de lui donner un prolongement. Un exercice mené à bien dans la plus remarquable fidélité, avec autant de tact que de brio.
Quand je lis les romans de Jane Austen, les soucis de ses personnages me paraissent bien ridicules. C'est étrange car ils ne vivaient pourtant pas à des époques faciles. Peut-être l'auteure se distrayait-elle ainsi, en écrivant sur les futilités qui préoccupaient son entourage plutôt que sur la dure réalité de la vie d'autres gens de cette même époque ?
En tous les cas, cela a été pour moi agréable de retrouver cette ambiance. Pour sûr, il ne se passe jamais rien d'extraordinaire dans ses romans mais, tout de même, ici, j'ai réussi à être surprise ! Enfin, l'"autre dame" a réussi à me surprendre. Mais je n'en dirai pas plus sur la nature de la surprise ;)
Sanditon dresse donc le portrait des habitants d'une petite bourgade dont Mr Parker et Lady Denham aimeraient faire une station balnéaire très cotée. Autour d'eux évoluent le neveu et la nièce de Lady Denham, la famille de Mr Parker ainsi que ses frères et soeurs et quelques autres personnages, pour la plupart cités dans le résumé ci-dessus. C'est là qu'arrive Charlotte Heywood, jeune femme charmante et censée issue de la campagne.
Je ne dirais pas que les intrigues et les passions se déchaînent dans ce roman car il est vrai que les romans austéniens ne brillent jamais par la folie des événements mais, tout de même, comme je l'ai dit, une surprise de taille s'y cache et j'ai apprécié de retrouver une héroïne qui se croit si sage et à l'abri de tout mais se laisse avoir par ses sentiments, malgré elle. C'est "classique" mais c'est le but et j'ai aimé.
De plus, Sydney Parker, qui apprécie de se jouer de tout et de tous, a parfois eu des répliques assez drôles. Il sortait du lot, il était divertissant. Il était d'ailleurs défini comme tel dès le début. Son rôle était clairement défini et il le remplit très bien, même sous la plume d'une autre.
Sir Edward en revanche, a très bien rempli son rôle de personnage détestable et même incompréhensible mais il n'est pas là pour rien...
Je n'ai pas été choquée par la reprise de la plume par une autre mais peut-être mes précédentes lectures de Jane Austen sont-elles trop éloignées et pas assez nombreuses pour que je me souvienne précisément de son style ? En tous les cas, je me souviens bien des petites phrases adressées au lecteur et que l'"autre dame" a très bien reprises. Le contraire aurait pour moi enlevé du goût à cette lecture ! L'ironie elle aussi est bien présente et Mr Parker, de par sa naïveté extrême, m'a bien fait rire aussi. Il est vraiment tourné en ridicule et ne capte rien de ce qui se passe autour de lui, comme la plupart des personnages ici mais chut !
La seule "critique" qui me vient à l'esprit est le fait que les garçons des Parker aient été tant négligés dans l'histoire. Il ets vrai que l'intrigue ne se prêtait pas à les intégrer facilement mais il est tout de même étrange qu'ils soient cités au début puis seulement une fois tandis que la petite Mary réapparait clairement, même si elle le fait rarement.
Je remercie en tous les cas très sincèrement le forum Livraddict et les éditions Le Livre de Poche de m'avoir permis, dans le cadre d'un partenariat, de découvrir cette dernière oeuvre de la dame.
Une citation de Jane Austen qui lui ressemble bien :
- pp. 88-89 : "Les demoiselles Beaufort furent bientôt satisfaites du "cercle dans lequel elles évoluaient à Sanditon", pour utiliser l'expression correcte, puisque tout le monde doit aujourd'hui "évoluer dans un cercle". C'est peut-être à la prédominance de ce mouvement rotatoire qu'il faut attribuer tant d'étourdissements et de faux pas."
Une étrangeté : en page 38, Arthur a "vingt ans à peine" et en page 42, il a "vingt et un an"...
Une phrase qui m'a semblé étrange, à cause du "y" :
- page 111 : "[...] son visage, bien que dépourvu de beauté singulière, y atteignait presque grâce à deux yeux très vifs et intelligents."
Des citations de l'"autre dame" que j'ai appréciées :
- page 115 : "Il vaut toujours mieux dire la vérité" (vu le thème du livre, elel a son importance)
- page 126 : "Rares sont ceux parmi nous qui n'ont pas leurs défauts superficiels et chacun doit compter sur la bonté des autres pour fermer les yeux." (c'est encore vrai...)
- page 217 : "Qui sont aujourd'hui les parents assez tyranniques pour imposer un mariage forcé quand leur fille refuse ?" (quelle naïve, cette Charlotte !)
- page 229 : "Quand cette indulgence avait été semée en son coeur, elle l'ignorait, mais la graine avait, sans le moindre soin, donné naissance à un arbre vigoureux et florissant dont les branches s'étendaient maintenant assez pour couvrir toutes les défaillances qu'elle pouvait identifier chez Sydney : elle était tout à fait sûre qu'il disait tous les mensonges qui lui passaient par la tête." (l'"autre dame" sait aussi user de belles images)
- page 245 : "Plus d'une fois j'ai été forcé d'admirer quelque horreur que Diana avait achetée" (celle-là m'a provoqué un fou rire)
- page 273 : "Pour faire danser ses amis sur sa musique, c'est quelqu'un."
- page 281 : "Si l'on prévoit quelque chose quinze jours à l'avance, les préparatifs durent quinze jours. Si on ne se donne qu'une semaine, alors une semaine suffit."
- page 397 : "Sir Edward [...] devait être en train de souffrir les douleurs d'un véritable accouchement : le bon sens lui naissait tardivement."
.Une autre couverture que je trouve très jolie mais qui n'a pas grand chose à voir avec le texte ! lol