Commencé le : 03/10/2010
Terminé le : 17/10/2010
284 pages
Résumé de l'éditeur :
Les nouvelles de Jon Raymond, qui publie son premier recueil mais dont deux récits ont déjà été adaptés à l’écran, sont des fulgurances chargées de vie et d’émotion. Rien n’est aussi simple qu’il y paraît et le hasard entraîne le lecteur sur des chemins insoupçonnés. Vers l’Alaska, où Wendy, accompagnée de sa chienne Lucy, pense repartir de zéro. Dans les montagnes de l’Oregon, où deux amis, au cours d’une marche, tentent maladroitement de recréer une intimité autrefois partagée. Dans une banlieue de Portland où, pour tromper sa solitude, un homme invite à dîner les deux ouvriers mexicains qu’il a embauchés... Directe et sensible, l’écriture de Jon Raymond saisit la profondeur d’une situation, la grâce d’un geste ou d’un regard, au-delà des apparences. Mais aussi la détermination secrète d’hommes et de femmes qui ne veulent pas céder à la fatalité. Et c’est là toute la force de ce livre, à l’image de ses héros dérisoires et bouleversants.
"Une vraie révélation. S’il évoque évidemment Raymond Carver, Jon Raymond possède une voix bien à lui et ses nouvelles sont aussi émouvantes qu’authentiques."
The Chicago Tribune
Grâce à ce billet, je célèbre mon tout premier partenariat avec le site Blog-o-Book (plus connu sous le nom de Bob). Je les remercie donc ainsi que les éditions Albin Michel, qui m'ont fait parvenir ce livre. Je dois avouer que j'ai été attirée par ce livre, de prime abord, parce que je suis la carrière de Michelle Williams et que j'avais entendu parler du film "Wendy & Lucy", dans lequel elle s'est illustrée (cf. photo de la couverture)
Quand j'ai vu que c'était tiré d'une nouvelle et qu'il y existait un recueil, de surcroît en partenariat sur Bob, je me suis précipitée sur le résumé. Celui-ci m'a plu ; la boucle était bouclée.
Il s'agit d'un recueil de neuf nouvelles abordant les relations humaines dans divers cas de figures.
La première, Old Joy, raconte l'histoire de deux amis que la vie a un peu éloignés et qui espèrent retrouver cette complicité perdue. Elle se déroule dans les montagnes de l'Oregon et on voit dès cette première nouvelle l'importance que l'auteur accorde non seulement aux émotions et aux sentiments mais aussi à la nature.
Ce ressenti se confirme bien sûr dans les autres nouvelles, plus particulièrement dans la troisième (La côte), où le lieu revêt une importance toute particulière pour le personnage principal puisque c'était leur lieu, à sa femme et lui. Il a perdu sa femme et cherche maintenant un signe de sa part pour continuer à avancer, en revenant sur cette fameuse côte.
J'ai apprécié Le cochon de lait, dans laquelle Tom offre le dîner aux ouvriers mexicains qu'il a embauchés et tente de les traiter comme faisant partie de ses amis.
Je n'ai pas du tout accroché sur Les mots et les choses et je n'ai pas vu la finalité de Le vent, dans laquelle un jeune garçon, Joseph, est censé en affronter un autre. Mais pourquoi? Quel est l'intérêt de cette bagarre où chacun finira dans un sale état?
Je l'ai regretté mais, la plupart du temps, je ne suis pas parvenue à comprendre où l'auteur voulait en venir. Je me suis dit que je ne devais pas avoir l'esprit assez ouvert... Pourtant, je sais et je sens qu'il y a une morale là-dessous. Particulièrement dans Le vent, où son grandpère malade raconte toujours la même histoire à Joseph. Je me doute qu'il y a un parallèle entre l'histoire du vent et celle de Joseph mais je suis malheureusement passée à côté.
J'ai été surprise par De jeunes corps. C'est un style qui semble totalement différent et cela donnait l'impression qu'une nouvelle écrite par un autre auteur avait été insérée parmi les autres. Le langage y était plus cru. En outre, pas de présence de la nature ici.
Les nouvelles chaussures narre un moment de la vie d'un père et de sa fille, Célia. Un jour où il l'emmène acheter de nouvelles chaussures tandis qu'il attend un appel important pour son avenir professionnel. Cette nouvelle était-elle destinée à montrer qu'il n'y a pas que le travail dans la vie? Que Célia était tout aussi importante aux yeux de son père que son travail? Encore une fois, la fin sonne chez moi comme un manque. Je n'ai pas de réponse mais peut-être est-ce tout l'intérêt du livre? Aborder simplement une étape de la vie de chacun. Les suivre et se rendre compte qu'on ne sait jamais ce qui pourra suivre et que l'important est de mener à bien ce que l'on croit bon?
Quant à Wendy & Lucy, j'ai trouvé cette nouvelle triste. La fin, notamment, même si je m'y attendais.
En résumé, j'ai donc trouvé qu'il y avait un côté ôde à la nature dans ces nouvelles. Un petit côté écolo que j'ai apprécié où l'auteur partage avec nous ses regrets quant à ce que l'Homme a fait de la planète.
Je n'ai pas énormément adhéré à certaines nouvelles car je n'ai pas su comprendre où elles menaient. C'est le seul reproche que je ferais au livre, peut-être simplement parce que je ne suis pas habituée aux nouvelles mais davantage aux romans : chaque fois j'attendais une vraie fin, qui ne laisse aucun doute, chaque fois je l'ai attendue pour rien. Parce que les fins de chaque nouvelle sont davantage je pense des ouvertures laissées au lecteur. Une empreinte d'espoir, un relent de solitude, qui, pour ma part, ressortent comme de l'inachevé. Cela dit, en y réfléchissant, cela montre aussi que la situation vécue par chacun des protagonistes n'est pas définitive. Cela nous laisse espérer, oui... mais cela nous laisse aussi face à l'inconnu, comme souvent dans la vie.
Ce qui est indéniable, c'est que l'auteur est très doué pour décrire des situations de vie quotidienne, avec de belles images, très bien pensées. Il sait parler au lecteur, le toucher. En tout cas, moi, il m'a touchée.
Mes préférences vont à La côte, De jeunes corps, Le cochon de lait et Wendy & Lucy, preuves qu'incompréhension ne rime pas avec aversion.
Petites perles stylistiques qui illustrent très bien la vie de tous les jours et constations qu'on ne peut qu'approuver :
- "C'est pas qu'il y ait tant de différence entre la forêt et la ville, pourtant. Tu vois ce que je veux dire? Tout ça est un grand tout maintenant. Des arbres en ville, et des ordures en pleine forêt. Où elle est, la différence?" (Old Joy, page 17)
- "Qu'est-ce que la tristesse? Qu'est-ce donc sinon une vieille joie érodée?" (Old Joy, page 18)
- "Ces arbres se trouvaient là, au même endroit, côte à côte, depuis des centaines, depuis des milliers d'années. Je me suis demandé ce qu'ils pouvaient bien ressentir à se trouver ainsi enracinés. Je me suis demandé, aussi, s'ils en avaient fini par ne plus se supporter." (Old Joy, page 19)
-"J'appréciais le soutien de ma famille et de mes amis - cela me gardait en vie - mais dans un sens, même la gentillesse était devenue un fardeau." (La côte, page 59)
- "Les maigres bouquets de sapins qui défilaient le long de la route ne parvenaient pas à dissimuler les zones déboisées, comme foudroyées, qui se trouvaient de chaque côté, au point que je me suis demandé, comme toujours, qui les bûcherons pensaient bien pouvoir berner. Pas moi en tout cas." (La côte, page 60)
- "Nous avons dépassé une mouette qui planait au-dessus d'une falaise, parfaitement immobile, comme épinglée au point de rencontre des courants d'air froid" (La côte, page 70) -> image bien trouvée. Je me demande d'ailleurs comment font les mouettes pour rester suspendues dans les airs ainsi
- "A nos yeux, les retards représentaient une forme d'élitisme, un indice de la valeur supérieure que les gens accordaient à leur temps personnel plutôt qu'à celui des autres." (La côte, page 77) -> moi qui suis toujours en retard, j'ai trouvé cette remarque tout à fait logique alors que je ne pense pas ce genre de choses quand j'arrive en retard
- "Alissa et moi avions trop attendu. Nous avions tous les deux cultivé des jardins que nous ne partagerions jamais." (La côte, page 78)
- "Voilà donc à quoi menaient les surprises, se dit-il en faisant tourner son verre dans sa main, voilà le risque des gestes authentiques et nobles, un flop." (Le cochon de lait, page 116)
- "Au coeur de la nuit les interdits de la journée tombaient et tout devenait possible." (De jeunes corps, page 201)
Merci encore à Blog-o-book et aux éditions Albin Michel qui m'ont permis d'explorer encore davantage la littérature américaine et ses diverses formes.